
La poésie et la puissance de Yohji Yamamoto bousculent le consensus de la Fashion Week
« Long Hot Summer » pouvait-on lire sur certaines tuniques lors de ce défilé donné par le maître en son QG des Halles à Paris. Une série de messages adressés au monde comme une prise de conscience des enjeux qui pétrissent notre époque. On notait aussi des bijoux signés de Rie Haruhi venu parer des zones du corps traditionnellement couvertes par le vêtement chez Yohji Yamamoto, ouvrant des perspectives inédites tant en termes de silhouettes que d’attitudes. Mais le message clé se révélait plus tard, porté par la spectaculaire série d’imprimés de vitraux, les fines rayures, ou encore les taches semblables à des fleurs sur lesquelles on aurait marchés, utilisés sur des chemisiers en soie aux nuances aubergines ou turquoises, mais aussi de nobles redingotes ou d’interminables kimonos. Tout est déconstruit, à rebours, bousculant un consensus. Associé à des pantalons en soie qui descendent jusqu’au-dessus de la cheville, des blouses d’atelier utilisées comme des toiles de peintures ou des tricots à maille très lâche, tout semble léviter. Le tout porté par une belle et grande série de sandales centurion ou de bottes de boxe négligemment repliées. Avec ampleur, son élégance oblique continue de dire davantage qu’elle ne désigne. Sur une bande son reprenant des chansons d’amours connues de tous, nous avons notamment croisé les regards émerveillés de Joe Starr, Bach Buquen, JID, Davido, Guram Gvasilia, Adriel Favela et Estibaliz Badiola.
Photo : Jean Picon